vendredi 29 janvier 2010

Fouché... ch'est fou !

Pour beaucoup d'entre vous, le nom de Joseph Fouché ne dira peut-être pas grand-chose. Et pourtant, celui qui plus tard reçu le titre de « Duc d'Otrante », est l'archétype même du personnage qui a marqué de son empreinte l'histoire de France, même si cette empreinte est loin de l'imagerie traditionnelle de gloire, de victoire, et de grandeur d'âme.

Cet homme, né en 1759, a traversé les périodes les plus tourmentées de l'histoire, tout en sachant rester dans l'ombre pour mieux tirer les ficelles. Il est l'homme de pouvoir par excellence, le survivant qui sacrifiera jusqu'à son âme pour avoir l'opportunité de rester au pouvoir. Qui sait que cet être au physique pourtant disgracieux a été à l'origine d'un massacre gratuit à Lyon, qui lui a valu le surnom de « Mitrailleur de Lyon », événement resté dans l'histoire comme un véritable bain de sang qui aurait pu être évité, qu'il a participé au vote pour la mise à mort de Louis XVI, qu'il a été ministre de la police de Napoléon, et qu'il a aussi été ministre de Louis XVIII ?

Même Napoléon avait peur de lui. Châteaubriand, voyant un jour Fouché et Tayllerand sortant du cabinet de l'Empereur après une réunion animée et se soutenant mutuellement brossera de ce duo un portrait acide, observant « ... quand le vice s'appuie sur la vertu... ».

Ecrit par Stefan Sweig, romancier ( « Amok », « La confusion des sentiments » ), biographe de Marie-Antoinette et Balzac, « Fouché » est un livre incroyable sur la vie étonnante de cette incarnation de l'homme politique moderne, de l'opportuniste alliant la ruse et l'intelligence pour son propre profit plutôt que pour l'état qu'il est censé servir. Très bien renseigné et documenté, très accessible, « Fouché » se lit rapidement, et l'on se surprend à enchaîner les chapitres d'une vie extraordinairement bien remplie et, malgré le vice et la noirceur de son âme, on se surprend à l'aimer... 

Une petite biographie très sympathique à lire afin de mieux comprendre les coulisses d'une des périodes les plus agitées de l'histoire de France et de ceux qui l'ont façonné. 

Note : 4 / 5
Prix : 4,50
ISBN : 9782253 147961
Editeur : Le livre de poche

Ikigami, préavis de mort... faites pas le malin...

Comment réagiriez-vous si, au moment le plus inattendu, alors que votre vie semble calme, agitée, en phase de stabilisation, ou bien sur le point de réaliser vos rêves, un homme venait vous voir pour vous délivrer un Ikigami, un certificat de mort, vous laissant 24 heures à vivre ? Question épineuse, n'est-ce pas ? Alors voyons comment ce nouveau manga propose de répondre à cette question pour le moins... étonnante... 

L’histoire :

Afin d'ancrer dans les esprits la « valeur de la vie », le gouvernement a mis au point un programme nommé « Loi pour la sauvegarde de la prospérité nationale », et les tous jeunes enfants reçoivent dès leur entrée à l'école, une vaccination du même nom, dont une sur mille contient une capsule provoquant la mort du sujet dans les 24heures, dont le déclenchement est programmé entre 18 et 24 ans. Celui qui reçoit son préavis de mort, son « Ikigami », doit cependant faire attention à ce qu'il fait de ses dernières heures, car si jamais ce dernier pète un câble, ou s'en prend à qui que ce soit, ce sera à sa famille d'en payer les pots cassés, alors que si tout se passe bien, sa famille touchera une pension pour avoir défendu une cause nationale, et le mort élevé au statut de héros.

Mais délivrer les Ikigamis n'est pas de tout repos pour Fujimoto, celui-ci commence à se poser pas mal de questions sur la réelle utilité de cette loi, et les raisons arbitraire qui condamnent des gens pleins de vie à une mort soudaine. Mais il ne peut pas exprimer ses doutes à voix hautes, car dans l'ombre rode une police secrète dont le pouvoir est de condamner à mort toute personne qui nourrirait la moindre parole contestataire. Et Fujimoto sait qu'il joue à un jeu très dangereux en exprimant ses doutes à voix haute... 

En Gros : 

Face à un contexte aussi improbable qu'original, on se demande comment Motorô Mase va faire pour accrocher les lecteurs. Et bien la question ne se pose pas bien longtemps, car dès les premières pages, on est happé par les cas recevant l'Ikigami, et leurs manières d'y réagir. Fujimoto s'efface dans les premiers tomes au profit de la vie que l'Ikigami va détruire, montrant au lecteur avec une justesse d'empathie rarement atteinte dans un manga comment certaines personnes tentent de réparer les erreurs du passé, comment certaines tentent de régler leurs compte à ceux qui l'ont harcelé, comment transformer une mort en vie, comment un moment tragique peut se sublimer en instant magique..

Puis, alors qu'on pense avoir fait le tour de la question, l'auteur nous surprend en renouvelant une nouvelle fois son concept grâce à d'audacieux questionnements de Fujimoto, dont l'importance dans le récit va croissant au fur et à mesure que le voile mystérieux entourant l'Ikigami se lève. Et comme le tout est servi par un trait semi-réaliste très propre, souple et dynamique, le succès d'un tel titre est assuré.

Au final, « Ikigami » est un excellent manga aussi original que prenant, relativement sombre, qui pose de nombreuses questions sur la vie, mais surtout sur la mort, et qui est voué à marquer son temps. Un must à posséder ! 

Note : 4,5 / 5
Editeur : Kazé
ISBN : 9782849 657249
Prix : 8,50 €

mercredi 20 janvier 2010

Chronique invitée : Gaza 1956

Une nouvelle chronique en tant qu'invité, toujours sur Skulking. cette fois, le s'agit de "Gaza 1956", aux éditions Futuropolis, et c'est ici que ça se passe ! 

Enjoy ;)

jeudi 14 janvier 2010

La conquête du Mexique... Caramba !


Ahhh, l'Amérique du Sud... qui n'a jamais rêvé de ces mondes souterrains, de ces terres lointaines, peuplées de légendes, ou d'une richesse soudaine, qui se conquerraient au détour d'un chemin... Mais qu'est-ce que je raconte, là ? Pardonnez cette résurgence des « Mystérieuses cités d'or », mais il y a fort à parier que ce genre de chose arrive à quiconque lira « La conquête du Mexique », de Bernal Diaz del Castillo.

Qui dit civilisation précolombienne pense forcément : or, conquistador, aventure, aztèques, Dieu-Soleil, sacrifices... Et ces idées pré-reçues sont loin d'être fausses, du moins dans les grandes lignes.
Car la motivation première des conquistadors, en plus de faire de l'Espagne un Empire, était avant tout de ramener de l'or et de convertir les indigènes au christianisme. 

Cortès, envoyé sur le continent pour conquérir le Mexique, décide sur place avec l'accord de ses capitaine d'échouer ses navires et de les démâter afin de faire avancer la petite troupe sans avoir de réel moyen de replis. Une méthode de motivation qui a fait ses preuves... parmi cette petite troupe de mercenaires, Bernal Diaz del Castillo, un des rares homme d'arme lettré qui a tenu à raconter ce qu'il s'est réellement passé lorsqu'un certain Gomara a sortit un récit apparemment fantasmé de la conquête du Mexique.

Cité par Jacques Soustelle ( ethnologue académicien français  ) en exemple dans son ouvrage « Les Aztèques » ( qui sera chroniqué dans les jours qui viennent ), on ne peut qu'accorder plus de crédit à ce pavé de plus de 800 pages qui vous fera voyager dans des terres hostiles et inhospitalières de la Nouvelle-Espagne.

« La conquête du Mexique » est un récit propre, clair, concis, écris à la manière d'un journal de faits, et son auteur ne fait aucune concession. Quand tout se passe bien, il le dit, de même quand les choses se passent mal. Même si son regard est celui d'un conquérant avant tout, il n'hésite pas à parler des méfaits des conquistadors quand il y a lieu, n'hésitant pas à parler de « boucherie » lors de l'assaut final contre Guatemuz. De plus, il est intéressant de voir comment Cortès, agissant au début de la conquête en homme vertueux, habile et généreux se transforme petit à petit en un homme brutal, agressif et avare. De politicien, il est devenu conquistador.

Un morceau d'histoire très accessible et passionnant, pour les amoureux de civilisations disparues, et toujours auréolé d'un mystère intriguant. 

Note : 4 / 5
Prix : 12,50
ISBN : 9782742 782772
Editeur : Babel

Un bol plein de bonheur... youpi, c'est la fête !


Nouvelle mode au Japon, le manga nostalgique débarque en France. « Une sacré mamie » avait débroussaillé un peu la zone il y a quelques mois, ouvrant la voie à une pléthore de nouveaux titres de débarquer. Et Delcourt continue sa lancée novatrice de faire du livre neuf avec des récits de vieux en publiant « Un bol plein de bonheur ». Tout un programme... 

L’histoire : 

Osaka, 1960. Un mari un peu trop porté sur les paris vient une nouvelle fois de dépenser stupidement tout son salaire dans des jeux d'argent. Excédée, Kazuo décide de le quitter et, avec son fils, vivre de manière un peu plus vertueuse et responsable dans une petite ville de province. Mais la vie n'est pas rose en cette période de reconstruction, particulièrement lorsque l'on est une femme seule avec un jeune enfant à s'occuper. Hiroshi a du mal à le comprendre, et les débuts sont très difficile pour le jeune garçon, particulièrement avec ses camarades d'écoles pour qui sa pauvreté est un inépuisable sujet de vexations. 

Hiroshi va alors apprendre la vie à la dure, et se forger un caractère bien trempé.. 

En Gros : 

Pour un One-shot, le résultat est honorable. Le dessin se tient, mais semble temporellement marqué, bien que « Un bol plein de bonheur » ne date que de 2007 pour sa première publication au Japon. Le style réaliste, et les gros plans très axés sur les personnages et leur attitude nous montrent que l'auteur s'est plus focalisé sur les sentiments et les réactions que le contexte, rapidement brossé et considéré comme acquis par les lecteurs.

C'est justement un des point faible de l'ouvrage, car si les japonais sont pour la plupart au courant de ce qu'était la vie dans leur pays dans les années soixante, c'est loin d'être le cas pour les lecteurs occidentaux. Peu d'explications, beaucoup de vécu,et au final un titre qui laisse un goût mi-figue mi-raisin, et qui se trouve bien moins intéressant et divertissant que « Une sacré mamie », que l'on lui préférera sans aucune hésitation.

Un manga finalement anecdotique malgré une couverture accrocheuse. Dommage.. 

Note : 3,5 / 5
Editeur : Delcourt
ISBN : 9782756 018294
Prix : 7,50 €

Kurogane no linebarrels... bouhhhhh !


La science fiction est de retour dans le monde du manga, très fortement marqué par des séries comme « Gunnm », « Evangelion », « Akira »... On serait en droit de croire qu'avec des grand-frères pareils, « Kurogane no linebarrels » soit fort, inspiré, innovant... Il semblerait cependant que certains auteurs ne lisent pas leurs classiques... 

L’histoire :

Koichi Hayase est une jeune adolescent en perte de repère. Provocateur, insolent, ce dernier ne fait que passer son temps à sourire devant ses professeur et chercher la bagarre à quiconque ne le laisse pas vivre comme il l'entend. Mais il y a quelques années il n'était pas comme ça. Il faut croire que l'accident auquel il a survécu, malgré de graves blessures, soit à l'origine de ce changement radical. 

Alors qu'il rentre tranquillement chez lui, Koichi est soudainement attaqué par un groupe d'individus très étranges, qui ne semblent même pas humains. Apparaît alors un robot gigantesque qui finit de les réduire en bouillie. Apparemment, Koichi l'aurait appelé, inconsciemment, sans se douter que le lien mystérieux qui le rattache au robot daterait du jour de l'accident... 

En Gros : 

On est loin, très loin, très très très loin d'une bonne série. La repompe des EVAs de « Evangelion » au niveau du design est flagrant, sans jamais atteindre le génie de Sadamoto ( « Evangelion », Fushigi no umi no Nadia », etc...). Koichi est un gamin capricieux et insupportable dont la seule occupation est de montrer qu'il est le plus fort, et se fait dessus quand il rencontre quelqu'un qui le dépasse. Tu parles d'un héros... Quand à l'histoire en elle-même, il n'y a pas de place à autre chose que de la baston sans queue ni tête, tout le monde se met dessus, tout le monde se déteste, et personne ne s'étonne de rien. Ou avec si peu de crédibilité dans leur réaction que le lecteur a du mal à se plonger dans le récit. 

Le dessin d'une manière générale est cependant agréable, à la fois souple et anguleux ( oui c'est assez paradoxal...), et reste assez original pour se démarquer du style shonen habituel, mais cela ne sauve pas le titre. 

Mais la série semble plaire, au Japon en tout cas, car la série a été adapté en animé et en jeux vidéos. Je ne sais pas si « Kurogane no linebarrels » trouvera son public en France, en tout cas, ça se fera sans moi. 

Note : 2 / 5
Editeur : Glénat
ISBN : 9782723 471404
Prix : 7,50 €

mardi 12 janvier 2010

Couleur de peau : miel... garantit sans abeilles !


En plein débat sur l'identité nationale ( sombre connerie à mon humble avis soit dit en passant... ), quoi de mieux que de se pencher sur le cas de l'adoption ? Car oui, au nombre de ces personnes déchirées et blessées par ce genre de débats fumeux, se trouvent un nombre conséquents d'enfants adoptés, « d'origine étrangère » comme on dit si bien, et dont une de mes amies fait partie. Vous pouvez retrouver d'ailleurs un de ses articles à ce sujet juste ici. Et « Couleur de peau : miel », traite justement de ce sujet : ressentit et réflexions d'un enfant abandonné, adopté et déraciné... 

L’histoire : 

Jung a été abandonné très tôt dans les rues de Séoul, capitale de la Corée du Sud alors qu'il avait à peine cinq ans, se nourrissant de tout ce qu'il pouvait trouver dans les poubelles et vivant au jour le jour, jusqu'à ce qu'il rencontre un policier qui lui sauva la vie en l'emmenant dans un orphelinat américain du nom de Holt, sa fondatrice. Là, il va faire la rencontre d'autres orphelins avec qui il va se lier d'amitié, jusqu'à son adoption par un couple de Belges. Désormais, il va avoir une vraie famille, avec de nombreux frères et sœurs parmi lesquels la vie s'écoule « paisiblement ». Mais le plus dur reste désormais à faire pour le jeune Jung : se construire une identité, avec ses nombreux questionnements, souvent sans réponses.. 

En Gros : 

Jung, l'auteur de « Kwaïdan » ( Editions Delcourt ), nous livre sans concessions et sans pudeur le récit d'une jeunesse tumultueuse et douloureuse, narrant avec émotion les moments les plus marquants de sa vie par le biais d'un dessin rond et presque enfantin, tranchant d'avec son style habituellement plus réaliste et « sérieux ». Son propos, souvent sombre et lourd, est cependant traité avec des pointes d'humour désamorçant les moments les plus difficiles. On dit bien que le rire est une thérapie, et au long des trois tomes que constitue la saga ( dont deux sont sortis pour l'instant, et un film est en préparation pour 2011. Rendez-vous ), Jung n'hésite pas à se moquer de lui-même et de ses propres réflexions.

Car il y a un vrai mal-être, que le lecteur ressent très bien : qui est-on quand on est d'origine Coréenne, que l'on se fait traiter de « chinetoque », alors que nos parents adoptifs sont Belges et que l'on parle Français ? Si le regard des autres est lourd de conséquences quand à la faculté de s'accepter pour permettre de comprendre qui l'on est réellement, on ne peut que rejeter le concept « d'identité nationale », quelle qu'elle soit, car au final, la seule chose qui compte, c'est l'humain qui vit et souffre de ces réflexions. 

« Couleur de peau : miel » est un livre d'une réelle sensibilité et sais être léger quand il faut, malgré un thème difficile. Jung réussit l'exercice avec brio, et l'on attend avec impatience la conclusion de son récit, avec en point d'orgue le long métrage. Mais c'est une autre très belle histoire que nous aborderons en temps et en heure... 

Note : 4 / 5
Editeur : Soleil
ISBN : 9782849 469507
Prix : 17 €

L'âge de déraison... que la raison ignore...

Haaa, l'adolescence, période bénie de changements en tous genres, d'explosions hormonales, d'incompréhension, mais aussi de mal être, d'inadaptation, de vexations... « L'âge de déraison » vient tout juste de sortir et traite justement du sujet. Mais le fait-il bien, ou le fait-il mal ? À vous de juger, cher(e)s lectrices et lecteurs... 

L’histoire :

Shiro, Saki, Kentaro, et bien d'autres encore vivent difficilement leur période d'adolescence. Transformation subie pour tous, leur vécu et leurs expériences au sein de leur établissement scolaire est en train d'influencer grandement leur comportement, car leur ressentit, exacerbé par une sensibilité à fleur de peau, fausse leur perception du monde. Mais il faut dire que les cas exposés dans ces récits sont extrêmes, incroyables pour la plupart, et pourtant... 

souvenez-vous du petit gars taciturne dans votre classe, que tout le monde chahutais,ou de la fille un peu fofolle qui se faisait traiter de gamine, ou le matheux premier de la classe. Vous n'étiez pas dans leur tête, vous ne connaissiez pas vraiment leur vie, et vous les jugiez, sans réellement vous préoccuper de ce qu'ils ressentaient et comment ils vivaient leur « différence ». Dans « L'âge de déraison », vous trouverez beaucoup d'explications sur leur raison d'être, et ce qui faisait,, aux yeux du commun, « leur bizarrerie »... 

En Gros : 

Collection de courtes nouvelles sur l'adolescence, les auteurs de ce « L'âge de déraison » ( Usamaru Furuya et Otsuichi ) nous emmènent dans un monde que nous avons tous connus à un moment de notre vie, et nous présente des cas que nous avons forcément rencontrés dans une de nos classe. Toutes les personnes présentées dans ce manga incarnent l'un des aspect de l'adolescence la passion, le rapport à son corps, l'exposition au regard des autres, l'acceptation de soi, l'acceptation des autres...

Traité de manière à la fois onirique et intelligente, « L'âge de déraison » finit par réunir tous les protagonistes de ces nouvelles vers la réalisation de leur transformation en jeune adulte, et propose une vision positive et optimiste de cette période dure et cruelle. Loin d'être perché, ce titre peut intéresser l'adulte qui a oublié son adolescence ou l'adolescent qui se cherche encore... 

Note : 3,5 / 5
Editeur : Sakka
ISBN : 9782203 028807
Prix : 13,50 €

samedi 9 janvier 2010

L'histoire des codes secrets... pas si secrets que ça !


Depuis tout petits, nous sommes confrontés à une codification du langage. Peut-être que la majeure partie d'entre vous ne s'en souvient plus, mais rappelez-vous les énigmes de textes à déchiffrer que l'on pouvait trouver dans les jeux de société, les jeux de rôles, les livres d'enquête...

Qui n'a jamais essayé d'écrire un message avec du jus de citron pour le passer à un de ses camarades afin qu'il le lise grâce à l'aide d'une bougie ? Qui n'a jamais essayé de chiffrer ses phrases pour qu'elles ne soient pas reconnaissable, ou bien de cacher un message dans un texte avec l'astuce de l'acrostiche ?

Et bien sachez que toutes ces manières de crypter un texte ont étés réellement utilisés au travers de l'histoire de l'humanité pour faire passer des messages et des ordres d'une importance capitale, pouvant faire tomber un peuple ou en conquérir un autre. Et c'est dans « L'histoire des codes secrets » de Simon Singh, que vous trouverez tout, depuis les bâtons servant à enrouler les papyrus du temps des pharaons, en passant par l'encre sympathique, les quipous incas, le cryptage moderne, la révolution Enigma et les bombes de Turing, pour finalement arriver à notre époque et l'évolution ultime de la clef de cryptage qu'est l'ordinateur quantique.

Ecrit de manière très abordable et amusante, Simon Singh nous raconte avec force anecdotes les raisons de l'utilisation d'un système de code jusqu'au moment où il a été craqué, puis son évolution, allant ainsi jusqu'à notre époque contemporaine où les enjeux du cryptage n'ont jamais atteints un niveau aussi important. Dans une société ou la véritable puissance est détenue par qui possède une information, les codes secrets sont sa seule protection.

Un livre aussi divertissant qu'instructif, à mettre entre toutes les mains. 

Note : 4 / 5
Prix : 6,75
ISBN : 9782253 150978
Editeur : Le livre de poche

Kaze no Sho... chaud les marrons !


Amateurs de sabres, de sang, de samurais et fines herbes ( merci Bill & Gobi ), la chronique qui va suivre est pour vous. Surtout que « Kaze no Sho » n'est pas n'importe quel manga, fait par n'importe qui. Taniguchi se lance dans un épisode de l'histoire du Japon méconnu sous nos latitudes... 

L’histoire : 

Katsu Kaïshu est un homme qui va sur la fin de sa vie. Autrefois un des hommes les plus puissant du Japon ( on lui avait remis les pleins pouvoirs du Bakufu), il est aussi celui grâce à qui ce pays n’a pas sombré dans la guerre civile alors que tous les éléments étaient réunis pour. Lors d’une réunion avec de hauts notables, il va raconter pourquoi il n’a pas usé de ses pouvoirs et nous expliquera comment un ancien livre, « Les Chroniques des Yagyu », ont motivé sa décision... 

En Gros : 

Au travers du fameux Yagyu Jubei Mitsuyoshi (1607-1650), Maître de sabre du Shogun et contemporain du célèbre ronin Miyamoto Musashi (1584- 1645), Taniguchi et Furuyama dépeignent une fresque historique très bien documenté ( que ce soit au niveau des personnages ayant réellement existé et à leur place dans l’histoire, les techniques de sabre utilisées), riche en action, en intrigue, extrêmement réaliste et lève un voile sur cet étrange ouvrage des « Chroniques des Yagyu », ouvrage qui plus tard sera la cause du fanatisme impérial japonais de la 2ème guerre mondiale. 

Doté d'un dessin propre, Taniguchi ne prend pas de risque, tant au niveau narratif que dans son style graphique. Les habitués de « L'homme qui marche » et « Le journal de mon père » ne seront pas dépaysés. Personnellement, je trouve qu'avec Taniguchi, on ne lit pas du manga, mais de la BD franco-belge classique. Le scénario lui se tient très bien et reste très prenant.

Au final, « Kaze no Sho » est un très bon manga d'histoire qui plaira aux amateurs du genre. 

Note : 4 / 5
Editeur : Panini
ISBN : 9782845 382923
Prix : 14 €

Slayers, knight of aqua lord... of the ring ?


Non non, je vous vois venir, bande de petits chenapans un brin chafouin, rien à voir avec le groupe de métal éponyme. « Slayers, Knight of aqua lord » est enfin sortit en manga, et Lina Inverse va pouvoir faire autant de dégâts sur papier que sur pellicule ! Très bien me direz-vous, mais comme toute adaptation, celle-ci mérite t-elle vraiment que l'on s'y intéresse ? Amis échaudés par les adaptations animés foirés lors de leur passage en manga, ouvrez bien vos mirettes. Car pour une fois, « Slayers, Knight of aqua lord » est une bonne surprise... 

L’histoire :

Lina Inverse, magicienne caractérielle à la poitrine désespérément aussi plate que peut l'être un électroencéphalogramme d'une amibe myopathe et hydrocéphale, est passionnée par trois choses dans la vie : la bouffe, le pognon, et l'aventure ! Suivie depuis des années par un mercenaire aussi bourrin que stupide du nom de Gourry, le duo des ténèbres cherche à tomber sur une affaire enfin juteuse, tant leurs finances sont aux plus bas. Ils vont alors faire la rencontre de Huraker, une étrange jeune fille qui leur révèle la position d'un trésor fabuleux, en pleine mer de l'Ouest. Lina et Gourry s'embarquent, sans penser un seul instant qu'ils vont tomber dans un drôle de piège. Huraker n'est peut-être finalement pas la personne gentille et maladroite qu'elle prétend être... 

En Gros : 

Après avoir connu quatre saisons en dessin animé ( « Slayers », « Slayers Try », « Slayers Next », et tout récemment « Slayers Révolution » ), six AOV ( original animation vidéo ) et cinq films, la série est enfin adapté en une courte série de six mangas, publiés en France par l'excellent éditeur Ki-oon. Hajime Kanzaka, l'auteur original de la série, est aux commandes du scénario de cette adaptation, et est donc une suite fidèle aux animés. Le dessin, confié à Tommy Ohtsuka, est on ne peut plus fidèle aux design originaux, et la continuité est ainsi assuré. 

Les fans comme moi trouveront leur compte : dessins fidèles, scènes de baston, péripéties, comportement des personnages, tout est là. On regrettera cependant le peu d'humour, habituellement présent dans la série, qui fait le grand absent du passage au manga. Tout juste assure t-il le service minimum, et c'est dommage. Les personnages secondaires, qui faisaient de très bon sidekicks dans la série animé ont été sacrifiés au nom de l'avancée de l'histoire, un brin trop rapide.

Mais la transposition est plutôt réussie, et devrait plaire aux fans à la recherche de leur série favorite en manga. 

Note : 3,5 / 5
Editeur : Ki-oon
ISBN : 9782355 920394
Prix : 7,50 €

mercredi 6 janvier 2010

Chronique invitée...

Comme il m'arrive régulièrement de faire des chroniques pour d'autres blogs, je me permet d'en faire le lien ici, histoire de continuer à alimenter une certaine actualité, tout en faisant un peu de promotion pour les personnes que je soutiens.

Vous trouverez donc régulièrement des liens vous propulsant vers skulking.fr, où j'officie de temps à autre.

Aujourd'hui, une petite chronique pour une BD underground américaine : "Pip et Norton"

Enjoy ;-)

dimanche 3 janvier 2010

Rendons à César... ses salades !


Voilà le genre d'ouvrage typique que j'affectionne : vulgarisation de l'histoire, recueil de citations, et là, il s'agit simplement de remettre dans leur contexte les expression historiques que l'on utilise dans le langage courant, avec force exemples et anecdotes. « Rendons à César » aurait du, avec tout cela me séduire. Malheureusement, la déception est à la hauteur de mes espérances...

Tout d'abord, on ne peut que saluer l'idée : réunir dans un recueil les expressions les plus célèbres, donner leur origine au travers d'un bref résumé historique, la placer via divers exemples en situation d'utilisation courante par rapport à son origine, donnant à la fin une petite définition en quelques mots-clefs pour les plus feignants.

Oui mais voilà, quiconque à un minimum de jugeote et de culture n'apprendra rien, ou si peu, que le livre lui paraîtra vraiment décevant. De plus, certaines approximations historiques, ou d'utilisation de citation frisent l'amateurisme et font bondir à leur lecture. Ce n'est clairement pas un ouvrage de fond, mais un ouvrage de divertissement, duquel il faut cependant se méfier et éviter de prendre pour argent comptant. A certains moments, j'ai eu l'impression de lire des articles dignes de Wikipédia, tant dans le style que dans la « véracité » des propos énoncés. De plus, 90% des citations composant le livre sont clairement connus de tous et n'apprennent rien au lecteur curieux et avide d'informations.

Bref, un livre qui ne sera utile que pour l'adulte qui ne lis pas et qui souhaite un niveau de culture digne du « Trivial pursuit » pour enfant, ou bien un bon livre à offrir pour un enfant ou un ado curieux. Les autres peuvent passer leur tour sans problèmes.. 

Note : 2 / 5
Prix : 14,90
ISBN : 9782735 703265
Editeur : Acropole

L'insoutenable légèreté de l'être... et du chêne, alors ?


Quoi de mieux pour finir ou démarrer l'année qu'un roman ? Certes, le choix est vaste, et les envies aussi nombreuses que variées, je me permet donc de glisser ici un petit avis sur le dernier roman que je viens de finir, « L'insoutenable légèreté de l'être », de Milan Kundera.

Tout d'abord, il faut savoir que Milan Kundera est un écrivain d'origine Tchèque né en 1929, naturalisé français en 1981et auteurs de divers romans primés ( « La vie est ailleurs », « Les testaments trahis », « L'ignorance », etc...), capable d'écrire tout aussi bien dans sa langue maternelle qu'en français.

« L'insoutenable légèreté de l'être », publié en France en 1984, est basé sur le mythe Nietzschéen de l'éternel retour. Les principaux protagonistes, aussi différents dans leurs conceptions de voir la vie que dans la manière de vivre leur couple, se déchirent, se confrontent, s'affrontent, se séparent, pour au final se rendre compte pour le plus libertin que sa trop grande légèreté l'a vidé de la substance de son être, prisonnier d'une perpétuelle fuite en avant afin de tenter de combler la vacuité de son existence, quand à la plus rigide, riche d'idées préconçues sur la bonne manière d'être en couple et en société, que la chape de plomb qu'elle a imposée à son existence l'a finalement empêchée de vivre et de n'être heureuse qu'en étant prisonnière de ses dogmes moraux. Kundera développe ici l'idée que l'on ne vit qu'une fois, et que ne pouvant apprendre de ses erreurs, l'Homme fuis ses responsabilités en se réfugiant dans l'insouciance de sa légèreté.

D'un style direct, descriptif, se focalisant sur telle ou telle situation de manière très brève, Milan Kundera n'hésite pas à revenir sur la page en tant que narrateur au sujet de ses personnage et s'interroge personnellement sur sa propre manière de les décrire ainsi que les raisons qui l'amènent parfois à leur faire vivre certaine situations. Les chapitres, très courts, font plus office de brèves de vie de couple, à la limite du journal, transformant des événements marquants en simples focus légers, rappelant au lecteur que « L'insoutenable légèreté de l'être » se trouve tant dans le fond du roman que dans la forme.

A la limite du voyeurisme, parfois cru et cruel avec ses personnages, « L'insoutenable légèreté de l'être » est à lire afin de nous rappeler que dans toute choses, il faut savoir se montrer ni trop rigide, ni trop léger. 

Note : 4 / 5
Prix : 9,10
ISBN : 9782070 381654
Editeur : Folio